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Primature et président du Bureau de l’Assemblée nationale Boshab coulé par la majorité

Accusé par ses propres amis politiques d’être chef milicien, l’ex-speaker de l’assemblée nationale jeté en pâture pour le prétendu détournement de fonds destinés à la paie de la prime des fonctionnaires

En perspective de la nomination du Premier ministre et de l’élection du speaker de l’assemblée nationale, les différentes factions au sein de la Majorité présidentielle (MP) se livrent une guerre aux couteaux. L’ancien président de l’assemblée nationale et secrétaire général du PPRD Evariste Boshab est entrain d’en faire les frais. Ses dossiers sales sur la gestion des finances de la chambre basse sont jetés sur la place publique, en même temps qu’il est présenté à la face du monde comme un chef milicien à même de semer la désolation parmi les opposants, ses pairs de la MP et les fonctionnaires de l’Etat sous sa responsabilité. Pareil profil ne rime pas avec les ambitions qu’il affiche : garder le perchoir de l’assemblée nationale à défaut d’être Premier ministre. Ni plus ni moins, Evariste Boshab est simplement en train d’être coulé par ses pairs de la MP dont la plupart disent de plus en plus haut tout le mal qu’ils pensaient de leur leader.

(Par M.M.)



Ministre des Médias et de la communication, Lambert Mende ne croyait pas si bien dire en déclarant que la mort d’Augustin Katumba Mwanke est un coup dur pour la MP. Moins d’un mois après sa disparition tragique, la discipline n’est plus au rendez-vous au sein de la famille politique du chef de l’Etat et le bateau est comme sans capitaine. Désormais libres, les composantes de ce regroupement politique se sont déchaînées et chacune d’entre elles est préoccupée par les enjeux du moment, à savoir la nomination du Premier ministre, la formation du gouvernement et la mise en place du Bureau définitif de l’assemblée nationale. Tout le monde voudrait avoir la place au soleil et fait valoir ses prétentions. Ça fait désordre. Personne ne semble avoir l’autorité nécessaire pour calmer la tempête. Ceci dans la mesure où la disparition de la personne vers qui tout convergeait pour filtration avant l’appréciation du Raïs a fait détraquer le système.

Evariste Boshab en ligne de mire

Ex-président de l’assemblée nationale doublé de secrétaire général du parti phare de la MP et membre du gouvernement parallèle, Evariste Boshab devrait prendre en principe prendre les rênes à la mort de Katumba Mwanke. Que non. L’homme ne fait pas l’unanimité mais se trouve en revanche au centre d’une diabolisation ourdie par ses propres amis politiques. Objectif : le présenter sous son plus mauvais jour pour le discréditer et l’empêcher ainsi de briguer la primature et, à défaut, la présidence du Bureau de l’assemblée nationale.

La semaine qui s’achève aura été celle de la crucifixion d’Evariste Boshab. Ses détracteurs, comme il aime à les appeler, ont vendu la mèche à la presse sur sa prétendue gestion calamiteuse des finances publiques à l’assemblée nationale. Celui qu’on a ainsi jeté en pâture serait l’auteur d’un détournement monstre de plus d’un million Usd destiné à la paie de la prime du personnel administratif. C’est ce qui ressort d’un rapport de mission qu’auraient effectuée des syndicalistes de cette institution aux ministères du Budget et des Finances, rapport transmis au bureau provisoire que conduit l’UDPS Timothée Kombo Nkisi. Evariste Boshab ne serait pas le seul à avoir trempé dans ce détournement de deniers publics dont la presse s’est faite échos toute la semaine. Dieudonné Bolengetenge et Déo Indulu, respectivement questeur sortant et chef de division des Finances sont cités comme complices.

Naturellement, Evariste Boshab est monté sur ses chevaux pour démentir cette dénonciation sur toute la ligne. Il a déclaré sur les ondes onusiennes qu’il s’agit là d’un acte de mauvaise foi. Une volonté de nuire. Celle-ci est tellement manifeste qu’on réduit finalement le président de l’assemblée nationale au niveau de l’agent payeur. Donnant sa main à couper, il a dit ne pas être impliqué de près ni de loin dans un quelconque détournement de la rémunération des fonctionnaires de cette institution. A l’en croire, ces dépenses ne sont pas de la compétence du président de l’Assemblée nationale et ledit rapport n’émane pas de tous les sept syndicats qui fonctionnent à l’assemblée nationale. C’est plutôt une organisation maffieuse qui pense avoir ses lettres de noblesse en jetant son nom dans la boue.

Le Prof Boshab n’avait pas encore fini d’avaler la salive après une contrattaque musclée qu’il a aussitôt été revêtu de la casquette de chef milicien. Agissant prétendument en son nom, des voyous, armés de machettes, de gourdins et de pierres, ont agressé violemment, jeudi 1er mars devant le siège du Quartier général de la Police judiciaire, les fonctionnaires de l’assemblée nationale. Leur péché : le soutien témoigné à leurs deux collègues entendus en ces lieux dans le cadre du dossier de détournement de fonds imputé à l’ancien speaker de l’assemblée nationale.

Est-ce Evariste Boshab le commanditaire de cette agression ? Rien ne le dit. Et dans les rangs de la MP, nombreux sont ceux qui soutiennent que cette scène macabre à la Police judiciaire rappelle les évènements connus à Kinshasa avant et pendant les élections du 28 novembre 2011 avec l’agression des militants de l’UDPS et la mise à sac de la permanence de ce parti à Limete. D’ailleurs, certains sportifs engagés en son temps par le PPRD pour terroriser la ville, tel le karateka Chaleur, auraient été aperçus sur le théâtre des opérations. Ce qui rend théoriquement Boshab indigne de conduire la famille politique du chef de l’Etat et d’occuper les plus hautes responsabilités dans le pays. A moins que l’autorité morale en décide autrement, l’ex-speaker est déjà conjugué au passé dans la MP.