Powered By Blogger

Pour son dernier combat, en forme de baroud d’honneur TSHISEKEDI HESITE !

C’était le di-manche des rameaux, qui c o m m é m o r e l’entrée de Jé-sus-Christ à Jérusalem. Une symbolique d’autant plus lourde de significa-tion que c’était le jour choisi par le très catholi-que Etienne Tshisekedi, retour d’un court séjour en Afrique du sud, pour rentrer à Kinshasa.Le genre d’événement
qu’adore le leader de l’UDPS, chaud partisan des bains de foule intermina-bles, signe à son sens de
communion avec le peuple profond, sinon d’adhésion à sa démarche.Retour, il y a eu. Etienne Tshisekedi n’a cependant pas eu droit à son tradition-nel bain de foule, à cette longue procession qui ac-compagne généralement ses retours tonitruants au pays, de l’aéroport à sa résidence. Les services, a-t-on appris,
ont fait le ménage. Offi-ciellement pour assurer la sécurité de l’opposant. En réalité pour parer à toute éventualité. Des rumeurs avaient circulé qu’Etien-ne Tshisekedi allait tenir un discours dont on ne connaissait pas très bien le contenu. Dans un contexte dominé par un accord cadre qui tarde encore à produire ses effets, l’incertitude qui continue de planer sur l’Est et le Katanga, mais aussi par les manœuvres autour du dialogue lancé par le Chef de l’Etat, il y avait tout à craindre d’un mot d’ordre qui aurait créé l’effervescence.Baroud d’honneur ?Du coup, des questions alimentent la chronique dans les assemblées des parlementaires-debout.Principalement celle de la nature du long combat d’Etienne Tshisekedi dans un contexte qui n’est plus celui de 1990. L’homme, souvent comparé à Nelson Mandela, a été de tous les combats pour l’avènement de la démocratie, le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, la bonne gouvernance…Un engagement que le leader de l’Udps a souvent payé
cher, au prix d’emprisonne-ments, de bastonnades et de relégations, quand ses partisans étaient pourchas-sés, arrêtés, gardés dans des cachots secrets ou, tout simplement, torturés ou sommairement exécu-tés pour avoir revendiqué.23 ans après la démocra-tisation et plus de 30 ans
après la création de l’Udps, que reste-t-il de ce com-bat ou, plus exactement, quelle forme ce combat
doit-il prendre aujourd’hui ? Perplexes, cadres et combattants s’interrogent sur l’absence d’une ré-flexion courageuse, d’une évaluation globale sur ce que doit être aujourd’hui la marche de celle qui est tou-jours considérée comme la fille aînée de l’opposition congolaise.Les observateurs notent, à titre d’exemple, que si les rangs de ce parti se sont parfois dégarnis à la suite des purges, séparations ou
débauchages, le chômage chronique et le vieillisse-ment de ceux qui, il y a 20 et 30 ans, constituaient les
phalanges les plus radi-cales du mouvement, ont également opéré leurs ra-vages. Posant, du coup, la
nécessité et l’urgence d’un travail complémentaire à engager pour le recrute-ment et le renouvellement
des cadres.Question aussi, la position d’Etienne Tshisekedi et de l’Udps sur l’accord cadre d’Addis-Abeba et l’idée du dialogue lancée par le Président de la Répu-blique. Si, d’une manière générale, l’on admet, en guise de réponse, qu’aux yeux de ce parti il se pose en RD Congo un problème de «légitimité» au regard de ce qu’il est convenu d’appeler ici «la vérité des urnes», l’on est tout aussi fondé à s’interroger sur le déficit criant des actions qui devait être engagées dans le cadre de cet objectif, les ressources utilisées et les résultats engrangés. Qu’il s’agisse de la hié-rarchie de l’Eglise catho-lique, de la mission euro-péenne d’observation des élections, du Centre Carter, de la mission d’observa-tion de la SADC, ou de certaines chancelleries, le constat est là : les diffé-rentes prises de position, quelles qu’aient pu en être les interprétations, n’ont jamais été en mesure de remettre fondamentale-ment en cause les résultats proclamés. Ce qui pose, en définitive, un problème de réalisme politique dans le chef des leaders, de mé-thodes de travail et de leur efficacité. Mais aussi un problème de courage poli-tique par rapport à la voie proposée et à son efficacité présumée. Nous sommes, tout de même, globalement, à trois ans bientôt de la fin du mandat. Les combattants de l’Udps, c’est le moins que l’on puisse dire, ont plus que jamais le droit de se demander comment le miracle va s’accomplir et, entre l’attente des pro-messes du passé le plus récent, sur lequel il sera difficile de revenir – aucune expérience politique ne permet de croire dans cette théorie - et l’urgence qu’il y a à définir une voie pour l’avenir, quelle devra désor-mais être leur attitude face aux nouvelles échéances qui se profilent à l’horizon dans un contexte où la communauté internationale a visiblement opté pour la stabilité, certes moyennant des correctifs impératifs des processus électoraux *qui n’ont jamais été des modèles du genre.Un tabou nommé successionOn se retrouve ainsi dans un cas de figure inédit,celui d’interrogation phi-losophique désespérée, presque épistémologique, sur la démarche globale de la fille aînée de l’oppo-sition, qui n’a pas toujours été en mesure d’établir le distinguo entre mouvement de libération et parti politi-que. L’histoire renseigne  ce n’est pas une simple anecdote – que même quand elle était appelée
aux affaires, l’Udps avait toujours continué de se comporter comme un parti d’opposition. Un paradoxe authentique, d’autant qu’on ne savait pas – on ne le sait toujours pas - quel statut était le plus politiquement «commode» entre l’aura d’un Moïse faisant traver-ser la mer de l’obscuran-tisme et de l’esclavage aux siens, l’homme politique appelé à des compromis souvent douloureux certes, mais qui n’en constituent pas moins des avancées vers l’accomplissement des objectifs, et les servitu-des de la gestion d’un Etat où tout reste à construire, les valeurs morales et spi-rituelles comme le type d’homme.Des images d’autrefois témoignent abondamment de la difficulté à définir une doctrine claire à travers le temps et l’espace : les négociations d’avant CNS jamais assumées face à la pression d’une foule mani-pulée par les services, la suppression de la formule de prestation de serment post-Palais de Marbre, le refus d‘élargir le gouver-nement post-CNS, aboutis-sant à celui des secrétaires
généraux…Autre question majeure, celle de la succession d’un leader qui a payé cher son engagement, mais qui doit aussi assumer, comme tous les grands leaders qui ont marqué leur époque, sa part de responsabilité dans les victoires comme dans les échecs. Un exercice qui s’annonce d’autant plus délicat que les dernières
modifications intervenues dans les statuts n’ont pas permis d’avancer dans la gestion de ce dossier. Dossier d’autant plus ur-gent que des expériences récentes, y compris dansnotre pays, renseignent
que les œuvres de leurs vies ne survivent généra-lement pas à nos leaders pour une série des raisons qui les poussent parfois à renier les valeurs pour lesquelles ils se sont bat-tus toute leur vie. Pour un passage de témoin réussi, Etienne Tshisekedi devrait plus que jamais faire preu-ve d’audace intellectuelle, de probité morale et de courage politique, d’abord parce qu’il faut préparer les esprits. Ensuite, parce que les successeurs potentiels doivent être formés et s’ha-bituer aux dossiers. Enfin, parce qu’il y a urgence au
regard des échéances de 2016.
MTN