A
depte des pro-duits éclaircis-sants dont il
abuse. Ama-teur d’accou-trements atypiques di-gnes des musiciens. Héraut de l’évangile de la prospérité, prêchant voyages, succès dans les affaires et le ménage. Mé-dium par dilettantisme et conseiller spirituel pour son seul profit. Patron de presse de la chaîne Nzon-do TV et télévangéliste, Denis Lessie se veut tout
cela. Et même plus parce qu’il est aussi proprié-taire d’une entreprise de production de miracles et de sauvetage des âmes appelée Arche de Noé, prophète des Nations, archevêque général de la NERRC, aventurier par profession et homme de Dieu par déception.
C’est cet homme là qui a été présenté jeudi 4 avril au ministre de l’In-térieur, Décentralisation et Affaires Coutumières, Richard Muyej Mangez Mans. Selon l’Inspecteur provincial de la Police nationale congolaise, il est reproché au pasteur délinquant le trafic d’in-fluence et l’escroquerie au nom du Chef de l’Etat.
Des sources policières ont indiqué que Lessie n’opérait pas seul. Dans sa suite, deux autres complices avec lesquels il a réussi à escroquer Jean-Baptiste Ntahwa, ancien ministre du Bud-get dans le gouverne-ment Muzito. Mais on apprenait dans la foulée que ce dernier n’est que l’illustre dernier d’une longue liste d’hommes célèbres et des fidèles naïfs détroussés ou arna-qués, au nom puissant de Jésus-Christ, par l’hom-me de Dieu. Ce qui a fait dire à un observateur, que par ces temps de crise et de mauvaise gou-vernance, par ces temps où nombreux sont ceux qui estiment que seules les fonctions politiques permettent de s’enrichir facilement, au point de se laisser plumer par le premier venu, les nations n’ont, finalement, que les prophètes qu’elles
méritent !
Sale temps pour Denis Lessie. Jeudi 4 avril 2013, une date que « l’homme de Dieu» ne pourra pas
oublier. Trainé comme un malfaiteur par les éléments de la police, habillé en sur-vêtement rouge-noir, barbe
teintée, regard évasif, De-nis Lessie est présenté offi-ciellement aux médias, au ministre Muyej et à d’autres
personnalités. Une image qui a fait la une de toute la presse.Pour réussir ses coups, Lessie n’a rien laissé au
hasard. Il s’est fait fabri-quer un sosie de Kabila, qu’il présentait à ses vic-times comme le petit frère du Chef de l’Etat. «Denis Lessie se fait passer pour le conseiller spirituel d’une grande autorité de ce pays. Il a contacté un ancien ministre du gouvernement Muzito à qui il a fait croire
qu’il était retenu pour faire partie de l’équipe gouver-nementale de Matata Po-nyo», indique Jean de Dieu
Oleko, qui s’était chargé de présenter le gourou devant l’autorité et le public.Seulement, «Conseiller spi-rituel du Chef de l’Etat Ka-bila», ce poste n’a jamais existé à la présidence de la République. C’est pourtant sous cette étiquette que Lessie va séduire Ntahwa qui a cédé une première jeep estimée à plus de
trente mille dollars améri-cains à son bourreau qui la lui avait exigée comme prix à payer pour devenir ministre du gouvernement Matata. Quelque temps après, alors que Ntahwa attend patiemment son por-tefeuille, Lessie revient une fois de plus à la charge. Cette fois-ci, pour crédibi-liser sa démarche, il se fait accompagner d’un militaire qu’il présente à son hôte comme étant le chauffeur de Kabila. Il veut lui aussi
une jeep. Ntahwa en avait apparemment le garage plein. Sans hésiter, il lui en offre. «Une troisième fois,
il se présente auprès de la même personne avec, cet-te fois-là, un jeune étudiant qui se faisait passer pour le petit frère du Chef de l’Etat, grâce à sa morphologie. Le pasteur Denis Lessie exige encore une jeep de la
même valeur et l’obtient», poursuit le commissaire provincial de la Police na-tionale congolaise de la ville de Kinshasa, Jean de Dieu Oleko. Le policier ajoute que cette bande a des ramifications jusqu’au Katanga.
Coup sur coup, l’archevê-que de la NERRC et toute sa bande ont empoché trois jeeps valant plus de cent
mille dollars américains, sans compter le cash ! Selon un proche du couple Ntahwa, la troisième jeep appartenait à l’épouse de l’ancien ministre. Pasteur lui aussi, ce dernier était si déterminé à revenir au gouvernement qu’il était prêt à tout. Même à renier son Dieu. Seulement, les jours passent et la nomi-nation ne vient toujours pas. Le couple Ntahwa s’impatiente. La femme fait pression. Pendant ce temps, le prophète des nations, lui, a disparu de la circulation. On ne le voit plus qu’à la télé prêchant dans son église. L’ancien ministre du Budget, poussé par sa femme, se décide de porter l’affaire devant la Police. Quelques jours plus tard, Lessie est arrêté. L’enquête pour démanteler tout le réseau dure deux semaines, avant que toute la République découvre la face B du pasteur de l’Arche de Noé et le vrai visage du prophète des nations ! Un coup dur pour les églises du réveil de la RDC, déjà minées par des scandales
sexuels et d’autres tentati-ves d’escroquerie.
KAMONA KAMBA
depte des pro-duits éclaircis-sants dont il
abuse. Ama-teur d’accou-trements atypiques di-gnes des musiciens. Héraut de l’évangile de la prospérité, prêchant voyages, succès dans les affaires et le ménage. Mé-dium par dilettantisme et conseiller spirituel pour son seul profit. Patron de presse de la chaîne Nzon-do TV et télévangéliste, Denis Lessie se veut tout
cela. Et même plus parce qu’il est aussi proprié-taire d’une entreprise de production de miracles et de sauvetage des âmes appelée Arche de Noé, prophète des Nations, archevêque général de la NERRC, aventurier par profession et homme de Dieu par déception.
C’est cet homme là qui a été présenté jeudi 4 avril au ministre de l’In-térieur, Décentralisation et Affaires Coutumières, Richard Muyej Mangez Mans. Selon l’Inspecteur provincial de la Police nationale congolaise, il est reproché au pasteur délinquant le trafic d’in-fluence et l’escroquerie au nom du Chef de l’Etat.
Des sources policières ont indiqué que Lessie n’opérait pas seul. Dans sa suite, deux autres complices avec lesquels il a réussi à escroquer Jean-Baptiste Ntahwa, ancien ministre du Bud-get dans le gouverne-ment Muzito. Mais on apprenait dans la foulée que ce dernier n’est que l’illustre dernier d’une longue liste d’hommes célèbres et des fidèles naïfs détroussés ou arna-qués, au nom puissant de Jésus-Christ, par l’hom-me de Dieu. Ce qui a fait dire à un observateur, que par ces temps de crise et de mauvaise gou-vernance, par ces temps où nombreux sont ceux qui estiment que seules les fonctions politiques permettent de s’enrichir facilement, au point de se laisser plumer par le premier venu, les nations n’ont, finalement, que les prophètes qu’elles
méritent !
Sale temps pour Denis Lessie. Jeudi 4 avril 2013, une date que « l’homme de Dieu» ne pourra pas
oublier. Trainé comme un malfaiteur par les éléments de la police, habillé en sur-vêtement rouge-noir, barbe
teintée, regard évasif, De-nis Lessie est présenté offi-ciellement aux médias, au ministre Muyej et à d’autres
personnalités. Une image qui a fait la une de toute la presse.Pour réussir ses coups, Lessie n’a rien laissé au
hasard. Il s’est fait fabri-quer un sosie de Kabila, qu’il présentait à ses vic-times comme le petit frère du Chef de l’Etat. «Denis Lessie se fait passer pour le conseiller spirituel d’une grande autorité de ce pays. Il a contacté un ancien ministre du gouvernement Muzito à qui il a fait croire
qu’il était retenu pour faire partie de l’équipe gouver-nementale de Matata Po-nyo», indique Jean de Dieu
Oleko, qui s’était chargé de présenter le gourou devant l’autorité et le public.Seulement, «Conseiller spi-rituel du Chef de l’Etat Ka-bila», ce poste n’a jamais existé à la présidence de la République. C’est pourtant sous cette étiquette que Lessie va séduire Ntahwa qui a cédé une première jeep estimée à plus de
trente mille dollars améri-cains à son bourreau qui la lui avait exigée comme prix à payer pour devenir ministre du gouvernement Matata. Quelque temps après, alors que Ntahwa attend patiemment son por-tefeuille, Lessie revient une fois de plus à la charge. Cette fois-ci, pour crédibi-liser sa démarche, il se fait accompagner d’un militaire qu’il présente à son hôte comme étant le chauffeur de Kabila. Il veut lui aussi
une jeep. Ntahwa en avait apparemment le garage plein. Sans hésiter, il lui en offre. «Une troisième fois,
il se présente auprès de la même personne avec, cet-te fois-là, un jeune étudiant qui se faisait passer pour le petit frère du Chef de l’Etat, grâce à sa morphologie. Le pasteur Denis Lessie exige encore une jeep de la
même valeur et l’obtient», poursuit le commissaire provincial de la Police na-tionale congolaise de la ville de Kinshasa, Jean de Dieu Oleko. Le policier ajoute que cette bande a des ramifications jusqu’au Katanga.
Coup sur coup, l’archevê-que de la NERRC et toute sa bande ont empoché trois jeeps valant plus de cent
mille dollars américains, sans compter le cash ! Selon un proche du couple Ntahwa, la troisième jeep appartenait à l’épouse de l’ancien ministre. Pasteur lui aussi, ce dernier était si déterminé à revenir au gouvernement qu’il était prêt à tout. Même à renier son Dieu. Seulement, les jours passent et la nomi-nation ne vient toujours pas. Le couple Ntahwa s’impatiente. La femme fait pression. Pendant ce temps, le prophète des nations, lui, a disparu de la circulation. On ne le voit plus qu’à la télé prêchant dans son église. L’ancien ministre du Budget, poussé par sa femme, se décide de porter l’affaire devant la Police. Quelques jours plus tard, Lessie est arrêté. L’enquête pour démanteler tout le réseau dure deux semaines, avant que toute la République découvre la face B du pasteur de l’Arche de Noé et le vrai visage du prophète des nations ! Un coup dur pour les églises du réveil de la RDC, déjà minées par des scandales
sexuels et d’autres tentati-ves d’escroquerie.
KAMONA KAMBA
SOCIéTé
Denis Lessie, pasteur escroc devant l’éternel Les nations n’ont que les prophètes qu’elles méritent
Le feuilleton Denis Les-sie contre Jean-Baptiste Ntahwa promet des épi-sodes inédits. Pour l’ins-tant, c’est le plaignant qui se retrouve dans des mauvais draps, appelé à être entendu par les juges. Pasteur de son état, Jean Baptiste Ntahwa ne s’est pas gêné de s’afficher pu-bliquement comme corrup-teur dans l’espoir d’accéder à de très hautes fonctions politiques. Une affaire qui risque de mal tourner pour l’ancien ministre du Budget sous l’ère Muzito. «Il s’agit d’une affaire de corruption. Selon la loi, le corrupteur et le corrompu doivent tous être entendus par la justice. C’est comme ça la procédure», précise un juriste. Sans doute une nouvelle à laquelle s’at-tendait le moins le pas-teur qui s’était précipité pour alerter les services de sécurité sur le deal passé avec Lessie. Un deal qui a malheureusement tourné au vinaigre. Selon les experts du droit pénal, Ntahwa risquer aussi des peines lourdes comme son complice. En attendant,
dans la ville, c’est l’église corps du Christ qui est to-talement décrédibilisée par cette malheureuse affaire
dont les tristes protago-nistes sont deux hommes de Dieu. On s’imaginait le moins du monde, dans une capitale où les pasteurs sont devenus des dieux eux-mêmes, deux leaders religieux s’expliquer devant un juge pour une affaire d’escroquerie. Les jours à venir s’annoncent pleins de surprises.
Le feuilleton Denis Les-sie contre Jean-Baptiste Ntahwa promet des épi-sodes inédits. Pour l’ins-tant, c’est le plaignant qui se retrouve dans des mauvais draps, appelé à être entendu par les juges. Pasteur de son état, Jean Baptiste Ntahwa ne s’est pas gêné de s’afficher pu-bliquement comme corrup-teur dans l’espoir d’accéder à de très hautes fonctions politiques. Une affaire qui risque de mal tourner pour l’ancien ministre du Budget sous l’ère Muzito. «Il s’agit d’une affaire de corruption. Selon la loi, le corrupteur et le corrompu doivent tous être entendus par la justice. C’est comme ça la procédure», précise un juriste. Sans doute une nouvelle à laquelle s’at-tendait le moins le pas-teur qui s’était précipité pour alerter les services de sécurité sur le deal passé avec Lessie. Un deal qui a malheureusement tourné au vinaigre. Selon les experts du droit pénal, Ntahwa risquer aussi des peines lourdes comme son complice. En attendant,
dans la ville, c’est l’église corps du Christ qui est to-talement décrédibilisée par cette malheureuse affaire
dont les tristes protago-nistes sont deux hommes de Dieu. On s’imaginait le moins du monde, dans une capitale où les pasteurs sont devenus des dieux eux-mêmes, deux leaders religieux s’expliquer devant un juge pour une affaire d’escroquerie. Les jours à venir s’annoncent pleins de surprises.
