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Bureaux fictifs, doublons…Enjeux de tous les espoirs, et de tous les risques

La communauté internationale de plus en plus embarrassée par la désorganisation du processus électoral rdcongolais
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es dernières nouvelles en date sur le front des préparatifs des élections générales de ce 28 novembre font état d’un nombre impressionnant des bureaux de vote fictifs qui embarrasse de plus en plus la Commission nationale électorale indépendante. Le phénomène a été révélé par le candidat SET basile Olongo après avoir fait faire des enquêtes sur terrain par ses équipes avant de s’étendre sur l’ensemble du territoire national, comme une traînée de poudre, à l’initiative des candidats et partis politiques déterminés à identifier physiquement les bureaux de vote avant de désigner leurs témoins.



Flagrant délit



Prise en flagrant délit de noyautage du processus électoral, la CENI n’a que ses yeux pour pleurer et constater que le peu de crédit qui lui restait encore au sein de l’opinion a effectivement volé en éclats.

Difficile pour autant, bien que la clameur publique soit immense, jusqu’à monter au plus haut des cieux auprès du trône de l’Eternel – pour emprunter ce langage religieux qu’affectionne le président de la CENI – difficile disions-nous de savoir si Ngoy Mulunda va se décider de démissionner ou s’il compte boire jusqu’à la lie le discrédit qui le frappe et attendre que l’opposition le récuse. Ce qui constituerait une porte de sortie honorable pour lui.

Voilà en fait résumé le dernier épisode en date venu pimenter le feuilleton tumultueux de la fin d’une campagne électorale atypique qui aura été de feu, de larmes et de sang pour les candidats, surtout ceux de la présidentielle, et leurs partisans. D’autant qu’il en rajoute à bien d’autres qui avaient fini par convaincre les opposants que l’homme de Dieu n’était pas l’église qu’on attendait au milieu du village, l’arbitre impartial et l’interprète fidèle de la loi électorale ainsi que de la constitution de notre pays.

Rappelons à cet effet que Daniel Ngoy Mulunda, pasteur de son état, n’a pas seulement tourné en dérision l’opposition et ses revendications sur l’audit du serveur central et du fichier électoral, ou encore sur l’affichage des listes électorales. C’est encore lui qui se trouve aujourd’hui en éclaboussé par ce scandale, qui enfle sans cesse, des bureaux fictifs et des bulletins de vote pré-remplis, dont il va falloir qu’il explique à l’opinion tant nationale qu’internationale qu’il ne traduit pas une intention de frauder et une volonté délibérée de falsification.

Ce n’est pas tout. Ces dernières semaines, plusieurs ONG ainsi que des chancelleries occidentales à Kinshasa ont évoqué dans certains rapports la question sensible de la fraude électorale qui aurait pris des proportions inquiétantes, sans que l’on sache pour autant quelle solution elles se proposent de préconiser pour éviter l’explosion. Pour la plupart de ces chancelleries, il est de plus en plus évident que l’impartialité du pasteur Ngoy Mulunda dont l’agitation et le manque de diplomatie inquiètent, est sujette à caution. Beaucoup sont même d’avis que sa proximité avec la majorité aurait dû soulever davantage de scepticisme.

On rappelle notamment que l’enrôlement des électeurs prévu pour le 28 Février n’a démarré que très tardivement au mois de juin. Il y a eu aussi toutes ces tergiversations autour des annexes de la loi électorale, mais aussi et surtout l’annonce de la découverte de plusieurs milliers de doublons dans le fichier électoral à l’occasion d’un nettoyage qui a plutôt laissé la plupart des acteurs perplexes et sur leur faim, avant de les pousser à subodorer un vaste réseau de fraude.

Voilà qui a poussé une ONG opérant en Belgique, du nom de l’APRODEC, à se jeter à l’eau pour dénoncer publiquement l’absence de fiabilité du fichier électoral en République Démocratique du Congo. L’APRODEC déclare avoir eu accès à un rapport de la société Zetes, chargée de l’enregistrement des électeurs. Selon l’ONG, ce rapport élève de nombreuses défaillances techniques mais surtout la présence de plus de 9 millions de « doublons » sur l’ensemble de la RDC.

Dans un communiqué, l’APRODEC avait dénoncé les nombreuses défaillances techniques des kits biométriques d’enrôlement des électeurs avant d’accuser Zetes de « dissimulation de ses rapports relatifs aux opérations de nettoyage du fichier électoral entamés en date du 27 juillet 201, ainsi que de la banalisation des observations faites dans le rapport partiel du 03 août 2011 relatif au nettoyage du fichier électoral de quatre provinces, notamment le Bandundu, l’Equateur, Kinshasa ainsi que la Province Orientale ».

On rappelle que dans ce rapport, Zetes faisait état d’un nombre élevé d’électeurs inscrits deux fois, appelés doublons, soit 3.566.503. L’APRODEC notait qu’en faisant une projection sur les 11 provinces du pays, on obtient « le nombre incroyable de 9.807.883 doublons. » Beaucoup trop pour les 32.024.640 d’électeurs « enrôlés », s’était alarmée l’APRODEC.

Bref, des bureaux sans adresse, des bureaux installés dans des résidences privées, des doublons qui n’ont pas été sérieusement nettoyés, il n’y a qu’à la CENi où l’on continue de penser envers et contre tout que tout ceci est de nature à garantir des élections libres, démocratiques, transparentes et surtout crédibles ainsi qu’à décourager toute contestation. La C ENI dans son entêtement est allée jusqu’à menacer les Congolais de poursuites devant la Cour Pénale Internationale, insinuant excessivement, on ne sait trop ni pourquoi ni comment que la contestation d’une élection mal organisée constitue un crime de guerre, un crime de génocide ou un crime contre l’humanité, là où il a été largement démontré que la possession des armes et l’utilisation des forces armées, de la police ainsi que des milices est le triste apanage de la majorité au pouvoir. Quoi qu’il en soit, pour autant que plusieurs faits aujourd’hui portés à la connaissance de l’opinion portent la grave accusation de la conspiration qui se trame à la CENI, même les plus sceptiques n’ont pas d’autre choix que de constater la mort dans l’âme que celle-ci n’est pas cette femme de César que chacun de nous souhaitait au-dessus de tout soupçon.



La communauté internationale embarrassée

Récemment pressée de condamner les déclarations d’Etienne Tshisekedi qualifiées d’incendiaires alors qu’elles étaient une réaction légitime à la violence d’Etat organisée sans la moindre condamnation de nos partenaires par la majorité au pouvoir, la communauté internationale embarrassée se tait, comme si elle hésitait à choisir entre se faire la complice d’une volonté délibérée de falsification et son engagement à promouvoir une fois pour toutes en RDC la démocratie et l’Etat de droit synonymes de stabilité, de bonne gouvernance et d’environnement propice aux affaires.

A cinq jours de l’échéance fatidique, alors que la tension monte dans le pays et que l’opinion nationale s’émeut chaque jour des signaux négatifs émis par la CENI, tous les regards sont tournés vers la communauté internationale. Celle-ci va-t-elle continuer de garder le silence au risque de conduire le pays vers l’embrasement devant des faits aussi flagrants, ou élever, plus que jamais, la voix pour exiger un audit sérieux de l’ensemble des opérations. C’est tout l’enjeu de la bataille des ces derniers jours avant l’échéance de tous les espoirs. Ou de tous les risques.