Les images avaient de quoi dérouter.
Au plus haut niveau des responsabilités internationales, à New
York, devant le Sud-Coréen Ban-ki-Moon, le secrétaire général de l’ONU,
celui-là même qui avait réclamé la tenue du sommet ; qui avait pour cela
envoyé dans la région son adjoint en charge des opérations de maintien de la
paix, Hervé Ladsous. Paul Kagame s’est mis debout avant de quitter une réunion
qui avait été présenté comme un sommet pour tenter de mettre fin à la crise des
Kivu. Comme si on pouvait jamais imaginer une solution définitive, si elle
n’était imposée, après avoir vu avec quelle maîtrise, quelle vitesse et quelle
compétence le Rwanda fabrique des rébellions à répétition en RDC depuis 1995.
Afdl, RCD, Jules Mutebusi, CNDP, M.23… portent en effet l’estampille de
Kigali.
(TTB)
Les Congolais
n’ont pas mis longtemps à comprendre ce qui se passait. Poursuivi par une
véritable bronca au sein de la
Communauté internationale, pressé de toutes parts, essuyant
des suspensions des aides de ses plus fidèles soutiens, Paul Kagame était loin
de s’attendre à ce que Didier Reynders, Vice-premier ministre et ministre belge
des Affaires Etrangères lui répète, calmement, que le Rwanda devait mettre fin
à son soutien au M.23, là où il croyait à des formules alambiquées et à la
langue de bois de mise dans ce genre de rencontres.
Un véritable choc. Mais l’homme fort de Kigali avait décrypté le
message : le chef de la diplomatie belge disait incontestablement tout haut ce
qui se raconte tout bas dans la plupart des chancelleries. Un peu plus tôt,
c’est en effet Washington qui avait fait pression, mettant le Rwanda en demeure
de dénoncer publiquement le M.23.
Comme en écho, l’Ambassadeur de l’Allemagne en RDC, Peter
Blomeyer, indiquait mercredi 3 octobre, à l’occasion de la fête nationale de
son pays, que la rébellion devait cesser toutes ses activités. Il dénonçait,
en passant, le soutien apporté par Kigali au M.23. « Nous condamnons cette mutinerie
et son soutien. Nous avons demandé au Rwanda de s’expliquer par rapport aux
révélations des experts des Nations Unies. Nous n’avons pas reçu une réponse
convaincante. Alors, nous avons suspendu notre aide budgétaire au Rwanda,
d’un montant de 21 millions d’euros», a-t-il indiqué sur radio Okapi.
C’est fin juillet que le ministre allemand en charge du
Développement avait annoncé la suspension de cette aide. Deux jours plus tôt,
les Pays Bas avaient suspendu un appui de 5 millions d’euros, à la suite d’une
décision similaire de Washington, le 21 juillet, suspendant une aide militaire
de 200.000 dollars.
Le secrétaire général adjoint de l’ONU en charge des opérations
de maintien de la paix a résumé le sentiment général au sein de la Communauté internationale
au sortir de la réunion de New York : «Les rencontres de New York ont permis
l’expression d’un sentiment très fort au sein de la Communauté
internationale : le refus de la poursuite des violences, et une forte volonté
de voir cesser les ingérences dans les affaires intérieures du Congo ».
L’HORIZON N° 143 du 08/10/2012 Page 4