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Mandat présidentiel Obama confirme John Kerry !

Ce coup de téléphone qui continue de susciter la polémique sur la scène politique congolaise. Mardi 31 mars, le président américain a appelé son homologue congolais. Toutes les sources ont indiqué que Barack Obama a exhorté Joseph Kabila à respecter la constitution. En d’autres termes, à ne pas briguer un troisième mandat ou tenter de prolonger par des artifices celui en cours. «Le président a souligné l’importance de la tenue dans les délais d’élections crédibles et pacifiques qui respectent la Constitution de la République Démocratique du Congo (RDC)», a indiqué un communiqué de la Maison Blanche après l’entretien entre les deux hommes. La Maison Blanche comme le Département d’Etat ont été alarmés par des rapports persistants faisant état de la volonté des autorités congolaises de prolonger par des artifices le mandat du chef de l’Etat. Parmi ces artifices, notamment, l’alinéa 3 de l’article 8 de la loi électorale proposée à la modification par le parlement, à la base des troubles qui ont frappé Kinshasa ainsi que certaines grandes villes du pays en janvier dernier. Cet alinéa liait la tenue de l’élection présidentielle à l’organisation du recensement de la population, faisant du coup craindre un glissement du calendrier électoral et donc du mandat présidentiel. La pression de la population à travers les manifestations des 19, 20 et 21 janvier avait poussé les parlementaires à évacuer l’alinéa de la discorde. Selon le communiqué de la Maison Blanche, le président Obama a salué au cours de l’entretien «le bilan du président Kabila qui est parvenu à sortir la RDC de la guerre et a placé le pays sur la route d’un progrès démocratique continu que des élections justes et libres de 2016 devraient consolider». Dès son entrée en fonction, le président américain avait mis un accent, s’agissant des relations avec le continent africain, sur les progrès de la démocratie et la bonne gouvernance. Un message qu’il a renouvelé à la faveur du succès de l’élection présidentielle nigériane qui vient de voir le président sortant reconnaître sa défaite et féliciter son challenger. Comme John Kerry Ce faisant, Barack Obama a confirmé le message transmis l’année dernière par le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, lors de sa visite officielle en RDC, message qui avait été raillé par certaines autorités congolaises au nom du principe de la noningérence dans les affaires intérieures d’un Etat souverain. A l’époque, le chef de la diplomatie américaine s’était pourtant appliqué à évacuer toute équivoque : «Je crois que le président (Joseph Kabila, Ndlr) a clairement en tête le fait que les Etats-Unis d’Amérique sont intimement convaincus que le processus constitutionnel doit être respecté.» Auparavant, John Kerry avait félicité les efforts du président Kabila pour résorber différentes crises internes, notamment la rébellion du M23, mais aussi pour réaliser des progrès sur le plan économique. «Je salue les forces armées de la RDC et la Monusco pour avoir vaincu le M23, et pour avoir livré les combats contre les ADF et beaucoup d’autres groupes armés congolais. Les Etats-Unis saluent l’engagement du gouvernement de monsieur Kabila pour se concentrer sur les forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR).» Se projetant dans l’avenir, le patron de la diplomatie américaine avait publiquement évoqué l’héritage que le président Joseph Kabila laisserait à son pays en restant dans les normes constitutionnelles : «C’est ainsi que l’on renforce un pays. Je n’ai aucun doute sur le fait que l’héritage du président Kabila sera défini par les progrès qu’il a faits, en particulier l’année dernière, en vue de la résolution de la question sécuritaire dans l’Est du pays et sur le plan économique.» Puis ce conseil qui a longtemps été considéré par certains analystes comme un soutien tacite à un futur come-back sur la scène politique, mais aussi comme une promesse de protection : «C’est un homme jeune qui a encore beaucoup de temps devant lui. Et il pourra encore contribuer longtemps à son pays. J’ai tout à fait confiance qu’il va peser toutes ces questions dans le cadre de sa décision pour son avenir.» En d’autres termes, Washington se laverait les mains en cas de refus…D’où l’insistance de John Kerry à proposer le modèle américain : «Nous avons des limitations des mandats dans notre pays, nous avons vécu des processus pendant des siècles et nous encourageons d’autres pays à respecter leurs constitutions (…) Les Etats-Unis d’Amérique pensent qu’un pays est renforcé, que son peuple éprouve du respect pour sa nation et son gouvernement quand le processus constitutionnel est mis en œuvre comme il convient et qu’on s’attache à le respecter.» Un enjeu mondial Le coup de téléphone du président américain à son homologue congolais le 31 mars ne visait donc pas, ont noté la plupart des observateurs, à sacrifier à une certaine mode. Pour ces observateurs, la République Démocratique du Congo constitue plutôt, à l’heure actuelle, un enjeu politique mondial majeur. D’abord par sa position géostratégique au cœur du continent, entouré de neuf voisins. La RDC est également un immense réservoir des ressources minières, mais aussi le deuxième poumon écologique du monde. Quand la Chine se positionne comme un acteur clé sur le plan mondial ; quand la Russie tente de briser son encerclement, vrai ou supposé, en essayant de remettre la main sur les anciennes républiques soviétiques ; quand l’islamisme menace l’équilibre du monde par le terrorisme et le chantage nucléaire ; quand le Soudan du sud est toujours aussi instable ; quand Boko Haram tourne de plus en plus son regard vers l’Afrique centrale ; quand Aqmi n’a pour objectif stratégique que de marcher sur le Mali, le Niger et le Tchad avant de progresser vers le sud ; quand la milice somalienne El Shebab pourrit la corne de l’Afrique, le premier réflexe est en effet d’ériger des digues pour éviter la contagion et d’évacuer toutes les frustrations susceptibles d’alimenter la déstabilisation à l’intérieur. Washington dont on connaît le rôle dans la défaite militaire et diplomatique du M23 et la signature de l’Accordcadre d’Addis-Abeba ne pouvait se permettre de laisser ce Congo-Zaïre, qu’il a eu tant de mal à stabiliser, replonger, et le terrorisme international bloquer l’accès de l’occident aux matières premières. De là à vouloir faire de ce pays clé un modèle de démocratie et de bonne gouvernance économique, il n’y a qu’un pas, que le Département d’Etat, tout comme la Maison Blanche, n’hésitent plus à franchir