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ETRANGER Les Congolais en bavent d’admiration Nigeria : le coup de fil de Jonathan qui a tout changé

Il était 17 heures 15 mardi, quand le président
sortant du Nigeria,
Goodluck Jonathan, a appelé son rival. En quelques mots, il reconnaissait
sa défaite, et félicitait le vainqueur. Ce coup de téléphone peut paraître simple, évident, presque anodin. Mais au Nigeria, où la défaite politique est rarement envisagée, surtout si on perd à la loyale, c’est un vraie stupéfaction. Jamais
un président n’avait décroché son combiné téléphonique. Il est vrai que les prédécesseurs de Goodluck Jonathan n’en avaient pas eu l’occasion. Soit ils s’étaient retirés au terme de leurs deux mandats constitutionnels, soit, le plus souvent, ils avaient été chassés du pouvoir sans ménagement,
par des coups d’état. Le dernier président
est mort sans avoir quitté ses fonctions, et a laissé la place, en 2010, à son vice-président: Goodluck Jonathan.
La dure réaction du PDP
Il n’empêche, personne n’avait envisagé un tel dénouement à cette campagne
présidentielle. Elle fut longue et brutale. Et les habitudes du pays ne poussaient pas une issue aussi fair-play. Goodluck Jonathan, président critiqué pour sa manière d’exercer le pouvoir, sera devenu un homme d’État à la dernière minute. Au Nigeria, la presse et les télévisions ont longuement
commenté son geste inattendu, pour encenser le président sortant.
Au-delà de l’anecdote, ces paroles du vaincu au vainqueur sont le signe que l’élection de samedi a été, pour la première fois, libre, ouverte et relativement
calme. Pour la première fois, le Nigeria est fier de sa démocratie. Et le pays veut espérer que Jonathan a lancé une tradition qui existe dans tous les régimes stables.
Certes de People’s democratic party (PDP), l’ex parti au pouvoir qui va désormais devoir faire l’apprentissage de l’opposition, s’est montré moins gentleman. Il semble vouloir entretenir la réputation épouvantable de la classe politique nigériane. Un ancien ministre a accusé le chef de Commission électorale de partialité.
A peu près tous les responsables locaux du PDP hurlent à la fraude. Le site internet du PDP revendiquait même la victoire, alors que les chiffes,
plus de 15 millions de voix contre 12,5 millions, ne prêtaient pas vraiment à l’interprétation.
Le test de l’élection des gouverneurs Les Nigérians n’ont écouté que leur président déchu. Sitôt le désormais célèbre appel connu, les supporters de Muhammadu Buhari ont envahi les rues, fêtant longuement la large victoire de leur candidat. Les peurs accumulées pendant la campagne, aiguisées par des pronostics alarmistes, se sont évanouies. Ce ne fut une mauvaise nouvelle que pour les vaches. Achetées pour célébrer la fin de l’élection présidentielle, elles ont été sacrifiées plus tôt que prévu.
Mercredi, le pays prenait tout de même garde à ne pas trop s’emballer. Le chemin vers un régime
sans violence est encore long. Le 11 avril, l’élection des gouverneurs
des états sera un véritable test. Le choix des détenteurs de ces sièges, extrêmement importants et convoités, conduit souvent à des scrutins particulièrement douteux et rugueux. On saura à cette occasion si le coup de téléphone de Goodluck Jonathan a réellement transformé le Nigeria.